Une plante tropicale sud-américaine
favorise
la diffusion du paludisme en Afrique de l'est.
la diffusion du paludisme en Afrique de l'est.
Le prix Nobel de physiologie/médecine
2015 a récompensé la chinoise Youyou Tu pour « ses découvertes concernant un nouveau traitement contre le paludisme ».
Toutefois, aujourd'hui, la meilleure façon de ne pas souffrir du
paludisme reste de ne pas se faire piquer par un moustique du genre
Anopheles porteur du parasite à l'origine de la maladie. Or,
Vincent Nyasembe, du Centre international de physiologie et
d'écologie des insectes (ICIPE) de Nairobi, au Kenya, et ses
collègues viennent de montrer, dans la revue scientifique PlosOne, qu'une plante originaire d'Amérique,
qui a aujourd'hui envahi une bonne partie de l'Afrique, favorise la
survie de ces moustiques.
Selon les plus récents chiffres donnés par l'OMS, en 2013, près de 200 millions de cas de paludisme ont été
recensés dans le monde. Le continent africain paie le plus lourd
tribut, avec près de 90% des 584 000 morts. Et 78% de ces morts sont
des enfants de moins de 5 ans.
L'une des difficultés de la lutte
contre le paludisme tient à son mode de transmission. La maladie est
en effet causée par un parasite, du genre Plasmodium (4
espèces sont concernées). Mais une partie du cycle de vie de ce
parasite se déroule dans l'intestin d'un moustique anophèle. En
piquant une personne infectée, puis des personnes saines, ce
moustique répand le paludisme.
Les anophèles, toutefois, ne se
nourrissent pas seulement de sang. Comme bien d'autres insectes, ils
apprécient les fleurs, qui leur fournissent, par leur nectar, sucres
et protéines utiles à leur survie. Les entomologistes kényans et
leurs collègues se sont demandés si l'envahissement de certains environnements par la plante Parthenium hysterophorus,
originaire d'Amérique, pouvait influer sur cette survie.
Ils
ont donc soumis des femelles
(les mâles ne piquent pas l'homme) de l'espèce Anopheles gambiae à
différents régimes alimentaires. Plus précisément, ils ont
comparé leur survie à deux semaines lorsqu'elles se nourrissaient
exclusivement sur des fleurs de Parthenium hysterophorus,
ou de celles de deux autres plantes communes au Kenya, Ricinus
communis, et Bidens
pilosa. Résultats : Ricinus
communis est la plus favorable,
devant Parthenium hysterophorus
; Bidens pilosa,
cultivée comme légume pour l'alimentation humaine, réussit en
revanche beaucoup moins aux moustiques.
Une
analyse chimique plus poussée du contenu des intestins des
moustiques à différentes étapes de leur alimentation montre par
ailleurs que Parthenium hysterophorus
leur fournit plus de lipides que les deux autres plantes. Or les
lipides interviennent à la fois dans la viabilité des oeufs et dans
les interactions entre le moustique et le Plasmodium.
Au-delà de la survie des individus, l'impact de Parthenium
hysterophorus sur leur capacité
à se multiplier et à favoriser le développement du parasite
mériteraient d'être étudiés.
Cette étude incite, selon les auteurs,
à lutter contre l'envahissement par Parthenium hysterophorus.
Dans ce cas précis, ce n'est qu'une raison de plus : la plante est
toxique pour l'homme et pour le bétail. Mais on pourrait plus
largement s'interroger sur l'impact des cultures commerciales, qui
attribuent d'immenses superficies à des plantes importées ou
autrefois confidentielles, sur la survie des anophèles et la
propagation du paludisme.
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire